Homme, Pré et Lac
Dans "Homme, lac et pré", Daniel Hahn et son modèle jouent à un jeu. Ils poussent des situations de la vie quotidienne dans une direction inattendue. L’homme improvise, s’exerce par exemple avec un élastique musculaire ou observe attentivement une tomate devant une vue panoramique. Ensemble, le photographe et son modèle révèlent l’absurde dans le quotidien mais aussi l’étrange dans le familier. Poétique, ludique et très personnel, le travail de Daniel Hahn est à découvrir.
Un homme pose dans des postures à la fois factices et pourtant familières. Sur chaque photo de la série «Homme, lac et pré», un homme est occupé à différents gestes civilisateurs, qui semblent énigmatiques, pas uniquement pour l’observateur. On le retrouve à fixer une tomate sur un ponton ou à étirer une bande élastique dans un verger. Cependant, cet homme exécute ces gestes d’une façon si détachée qui nous suggère qu’il s’agit de la première fois. Porter des écouteurs? Assis sur un vélo devant un half-pipe? Qui de nos jours porte encore un chapeau de paille dans la fraîcheur estivale?
Ces mises en scènes minimalistes font partie d’un jeu entre le photographe et son modèle. Un jeu avec l’absurde, une expérience-limite: quelles sont les frontières de la crédibilité? Jusqu’où peut-on aller? Car cet homme-là n’est pas détaché, il interprète seulement le détachement comme s’il ne le connaissait que de ouï-dire. Ces images déroutent car il s’agit de photos instantanées mis en scène. Une photo instantanée nous touche lorsqu’elle saisit au vol la poésie du quotidien. Mais de toute évidence ici le banal quotidien a été mis en scène.
Par la même occasion, nous découvrons presque par hasard, dans ce jeu de «Homme, lac et pré», un panorama du paysage idyllique allemand. Que l’homme se situe dans son jardin devant la corde à linge, soit allongé dans la forêt ou dans un champ ou se retrouve perché au milieu du Lac de Constance: Une atmosphère intime et positive transparaît sur toutes les photos. Le photographe et son modèle sont dans le même bateau. Et le paysage les absorbe tous les deux, leur donne de la couleur. Et quelle couleur! Pas une brise ne vient déranger la quiétude du lac, un vert intense marque champs et forêts.
Il semble ici qu’il s’agit de lieux soigneusement choisis, longuement visités et attentivement observés. Quels lieux exactement, nous ne le savons pas.
Texte : Ingo Baltes, Marc-Philip Reichwald
Hôpital de Bellerive
Entrée libre, tous les jours de 8h à 20h
Hôpital de Loex
Entrée libre, tous les jours de 8h-20h